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Le boulevard des Chasseurs en 1991
Je cherchais, à la fin de mes études de vétérinaire, un lieu semblable à celui que j’avais connu, proche d’un RER et dans une région que je connaissais. C’est mon oncle, vétérinaire à la campagne, qui m’avait donné envie de faire ce métier. Faire une étude de marché était une démarche compliquée : les statistiques sur les animaux et la médicalisation des bêtes ne sont pas vraiment connues.
Le territoire où est implanté Courdimanche semblait correspondre à nos attentes : un RER qui allait arriver, une population qui allait s’installer, une desserte autoroutière et la proximité ville campagne (soigner les chevaux faisait partie du cahier des charges). Installé malgré les réticences de certains, car créer sans clientèle était un pari sur l’avenir. La conquête de l’Ouest. Sans regrets !
J’ai acheté la maison en voyant un simple tracé sur un champ de betteraves ! La gare RER est arrivée avec deux ans de retard et la population tardait à s’installer. Sans électricité, sans téléphone.
Un terrain vague avec une benne à ordures comme jardin. Un tas de terre qui bloquait le boulevard des Chasseurs. Des caravanes à proximité. Un seul panneau accroché à la benne à ordures.
Les représentants des laboratoires qui osaient venir m’offraient des cadeaux, des stylos pour remonter le moral. Quand on se promenait, on ne voyait ni chats ni chiens.
Mon premier patient fut le chien du conducteur du chantier. Le bouche-à-oreille a fonctionné.
La population est arrivée. Le clivage haut et bas s’est amenuisé : nous étions installés sur leurs terres ! Un parking a été aménagé.
Les clients viennent de Gisors, Taverny, Orgeval. On peut profiter de la campagne si on le désire. Sans regrets !
Je me souviens d’une intervention en urgence sur l’autoroute pour désincarcérer et mettre au calme des poneys dans un camion qui venait de se renverser.
Je me souviens d’une chasse au fusil anesthésiant pour des daims dans un enclos privé avec placage des bêtes comme au rugby et la promenade en brouette qui a suivi.
Je me souviens du film Danse avec lui avec Mathilde Seigner où j’apparais dix secondes dans le rôle d’un vétérinaire soignant des chevaux, film tourné vers Le Perchay, Vigny et Gisors.
Juste quelques inquiétudes : le fait d’être phagocyté par Cergy-le-Haut, l’évolution du bétonquartier et la densité de population.
Mais ici, à Courdimanche, sans regrets !