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Nous étions des pionniers
Tous les phénomènes météorologiques ont été atténués lors de la construction en hauteur d’Apollonia et cette sensation de rien, on ne l’a plus.
On a fait les murs, pas trop hauts, pour pouvoir se parler, pour échanger, pas les uns chez les autres, mais de bonnes relations de voisinage.
Dans le jardin, on avait des faisans, des lapins, des épinards, des restes de culture, des tournesols.
Et on s’amusait bien : on ramassait toutes les palettes des chantiers, on réunissait tout sur le Champ d’Arthur et on faisait le feu de la St-Jean, des barbecues, la barbe à papa, on dansait jusqu’à 2, 3h du matin, cela ne se fait plus. Le loto a démarré à la Louvière : on cherchait des lots.
J’avais téléphoné à Babygros et quand j’ai donné l’adresse, elle répond : « cela existe ? » Et quand j’ai dit : « Le directeur, c’est M. Miquet », alors elle ne m’a pas cru et on n’a jamais reçu les lots.
Au Foyer rural, les crêpes sautaient tout l’après-midi. Les crêpes dansantes. On se connaissait tous ou presque.
Très rassembleur, la fabrication d’un patchwork pour le Téléthon,
Très rassembleur, la mosaïque de la ville de Courdimanche à l’école des Croizettes,
Très rassembleur, Thomas Boissy de Courdimanche, chanteur connu qui a sorti des disques,
passé à la télé ; il venait à la maison, enfant.
Le comité des fêtes de la Louvière a été très actif avec le Foyer rural à cette époque.
On disait les « gens du Vieux », ce n’était pas très beau, mais il y en a qui ont su faire du lien. Il y a eu l’atelier de Courdimanche, d’abord dans différents lieux, puis à la maison Maresquet dans le village. Pour amener le culturel. Une grande époque pendant dix, douze ans, rue Fleury, ça a créé d’autres liens, des affinités. On avait chaque année un thème, le thème des ours par exemple, on a récupéré des ours, des jouets, une grande expo, une grande installation, les gens participaient bien, chacun cherchait, on faisait une sélection, les gens se prenaient bien au jeu.
On a fait « thé café », trésors de cafetières, très symbolique avec toutes les histoires familiales.
Très rassembleurs, ces grands moments. Des traces qui avaient des histoires, des objets qui font parler les émotions, la confidence.
Les maisons payées, trop grandes, les enfants partis, les retraites arrivées, c’est la fin des pionniers.
Les nouveaux, des gens charmants. Nous leur racontons cette histoire, on leur montre les photos, la haie de pyracanthas de Henri, l’arbre du mariage de Philippe, les arbres je les connais tous, une autre époque. Il n’y a plus ce lien presque familial, ce lien du béton.
Les nouveaux arrivent, les choses tournent, et ils tournent avec.
A eux de refaire une autre histoire.
La maison de la culture sur le Champ d’Arthur va sûrement rassembler, les 24 heures de l’art, la culture c’est extrêmement important, ce sont nos racines, nos émotions. On fait vibrer des émotions différentes, on s’interroge, un signe des temps, ce rassemblement émotionnel est nécessaire à toute communauté.
Quand je passe à l’église, au lavoir, quand on va peindre le lavoir, on regarde la mousse, les vieilles pierres, les vieilles marches quand je monte, les tristesses, les joies qui sont passées par là, on les sent avec le regard, l’émotion qui remonte.
C’est une gymnastique de regarder. La girouette a été changée il y a quelques années… Levons les yeux ! Ce sont nos racines. Pour arriver au moderne, l’aimer, il faut aussi passer par elles.
En 92 ils ont planté des noisetiers sur la promenade des Coudraies,
Les écureuils sont venus le long de la coulée.
Je me sens vraiment courdimanchoise,
On a une histoire à Courdimanche,
Je ne pourrai pas partir comme cela.