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Les derniers jours d’août 1944
"Ce jour-là, il y avait beaucoup de mouvements de troupes dans la région."
"Ce jour-là, on a reçu une bombe sur les bâtiments à côté de la maison d’habitation, une bombe américaine."
"Ce jour-là, Raymond-Louis Berrivin et Claire Girard ont été fusillés. C’était le dimanche 27 août 1944. Une autre bombe est tombée dans notre parcelle d’arbres fruitiers, près de l’actuelle école Parrain.
Il y avait des cerisiers, des poiriers, des cognassiers. Le camion de munitions, près de la gare a été incendié par les balles de mitrailleuse, pas par une bombe, comme le dit André Parrain dans son livre."
Plus tard, Claire Girard a été trouvée par le vacher de M. Lointier, M. Pierre Gesrel, et non par un promeneur comme indiqué dans le livre d’André Parrain ; il allait couper du maïs pour ses vaches. Dans une parcelle, entre la route de Boisemont et le chemin de Boisemont.
Le vendredi 25 août, vers midi, est arrivé un régiment de parachutistes allemands. Près de 600 personnes. Après trois jours de combat sans dormir. Une quarantaine ont dormi jusqu’au samedi midi, que des jeunes, 16 à 20 ans, des Allemands, ils venaient de Paris ; ils ont dormi sur des bottes de paille dans l’écurie.
Un camion est venu en chercher une vingtaine, et en attendant qu’ils viennent rechercher les autres, ceux qui restaient et qui avaient plein de paquets de cacao ont demandé à ma mère de leur faire du chocolat. Ils avaient des gâteaux, se sont installés dans la cuisine et mis le poste, la radio allemande.
« L’arme secrète va sortir, les Américains à la mer !», répétaient-ils, ils y croyaient. Ils sont partis le samedi soir. La bombe est tombée le dimanche. Une journée plus tôt, il n’y aurait pas eu de survivants.
Ce dimanche matin-là, on n’a pas pu sortir les moutons, ça mitraillait de partout. Alors on a battu avec une petite batteuse toute la matinée du dimanche matin et on a mangé. Les volets étaient fermés, il faisait très chaud. J’ai reçu un bout de plafond sur la tête, les volets se sont arrachés, j’ai sauté dans le jardin en chaussettes. Une tôle du hangar est tombée, juste à côté de moi. Avant que la bombe ne tombe, ils avaient mitraillé le toit, les tuiles tombaient devant la porte, ma mère criait, la salle de bains était pulvérisée, plus de fenêtre, mon père aurait pu être blessé. Il n’a pas eu le temps de prendre sa douche.
On a réparé avec des planches, les plafonds sont restés longtemps comme ça.
On avait emménagé en 1943 dans cette maison refaite avec des matériaux difficiles à trouver, au printemps je crois, et on a été bombardé un peu plus d’un an après, en août, la maison a été drôlement ébranlée. On a refait l’écurie nous-mêmes. Le berger ayant pris sa retraite, on n’a pas embauché de berger mais un maçon à la place.
On a tout refait nous-mêmes. D’abord les couvertures des bergeries, et la maison en dernier. Le mur de la cour avait été aspiré, les plafonds étaient crevés, dans la cuisine il y avait un trou. Les chevaux sont restés chez le voisin pendant presque un an, il fallait les ramener à la maison, les nourrir. Pierre Leclerc nous avait loué son grenier, un grand grenier, il fallait aller chercher le foin, c’était la course. Dans la ferme Cavan, il y avait une pièce de DCA qui leur tirait dessus, une autre camouflée avec des branchages, là où est le Foyer rural actuellement. Ça tirait de tous les côtés.
“C’était le front. Du travail et courir.”