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À la campagne en 1989
La première fois, un soir après Noël 89 ; un soir, au milieu de nulle part, triste,
Des champs, la plaine, des pylônes pour arbres, non, non je ne pourrai jamais.
La première fête de la musique sur le bassin du Miroir, nous qui venions de Versailles,
Non, non je ne pourrai jamais.
Si petit, plein de vide, non, non je ne pourrai jamais.
Pas de route, pas de chemin, pas de boîte aux lettres, non, non je ne pourrai jamais.
Pas une baguette de pain sans se salir les pieds à travers champs pour aller au Bontemps.
Beaucoup de brouillard, comme dans du coton, on ne voyait rien à 10 mètres,
Souvent des orages qui faisaient dévaler l’eau de la butte,
On ouvrait toutes les portes pour qu’elle s’en aille.
Le jardin s’affaissait, les fleurs même disparaissaient sous terre.
Des impacts de foudre dans la rue du Trou Tonnerre.
Nous, on n’aurait jamais construit ici, disaient les anciens…
Non, non je ne pourrai jamais…
On l’appelait la Petite Sibérie, il y faisait si froid, il devait même y avoir des loups.
Seules les alouettes faisaient du bruit, elles stagnaient dans le ciel,
Deux, trois, quatre alouettes,
Avec les miettes on a vu arriver les moineaux,
Les alouettes ont reculé au loin dans les champs,
Avec les gros déchets ce sont les pies qui ont emménagé.
Les hérissons s’amusaient à retourner les poubelles, faire leur nid dans les feuilles.
Les écureuils avaient même disparu,
Les jeux, trop bruyants pour eux.
Avec le vent du nord, les cris dans les manèges.
Et ce bruit si particulier, celui de la bâche qui recouvrait les betteraves stockées
Sur le chemin de Courcelles,
Le vent l’avait décrochée, un bruit fort si particulier, la première fois on a eu si peur,
Le vide autour de nous, non, non je ne pourrai jamais.